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Voilà un peu plus de deux semaines...

Un peu plus de deux semaines que nous devons "rester à la maison". Sortir le moins possible, juste pour les courses, le travail (si pas possible en télétravail, hein), aider quelqu'un,... Voilà. Et ne pas se retrouver à plus de 5 dans un endroit public à la condition de rester à 2 mètres l'un de l'autre, et à avoir les mains nickel. Propres. Sèches et gercées. Moches quoi.

Et si c'était que les mains ! Les cheveux poussent. Sur toutes les têtes. Mais il n'y a pas de coiffeur. Mon Nommamoi qui y va tous les 3 semaines pour se les couper à 2-3 mm, commence à avoir une coupe en brosse du plus bel effet. Dans mon cas, le plus grand problème sont ces poils du visage qui ne restent pas sagement en quarantaine (ils ont rien compris), ils sortent sans raison valable et je me dois de les exterminer... normalement c'est mon esthéticienne à qui je confie cette lourde et précieuse tâche. 
Voilà un peu plus de deux semaines...

Que ma vie, que nos vies ont totalement changé. Au tout début, seules deux choses comptaient : avoir une réserve de PQ et de raviolis en boite. Sans parler de la levure, de la farine, du sucre et du beurre. Quel soulagement quand se fut fait (et cela n'a pas été une tâche des plus simples). Non non, c'était sans panique aucune, c'était mes réserves habituelles +1 paquet de chaque. Ben voyons.

Mais un challenge plus grand est survenu : l'invasion de MON espace. 
Par mon Nommamoi, ses dossiers, son ordi, sa voix et lui trouver un endroit pour installer son bureau. 
Par Manana 2e, lui trouver un endroit pour ses jours de cours (elle a osé squatter MA véranda, son bureau étant submergé). 
Fiston 2e est déjà là depuis début janvier, ayant stoppé ses études pour une bonne année de réflexion quant à son avenir professionnel. Il partage depuis son temps en jeux en ligne, bosser quelques heures pour gagner des p'tits sous, terminer son permis de conduire, et attendre le recrutement pour faire l'armée ou le service civil au plus vite (dit maman). 
Maintenant, il sauve des vies  (c-à-d qu'il reste toujours devant son ordi vu que tout le reste est tombé à l'eau), à part pour aller faire coucou à son amoureuse (maman dit merci à celle-ci).

Depuis deux semaines, j'essaie de déléguer quelques tâches essentiellement faites par moi en temps normal. C'est en progrès. (disons que j'assume le fait que j'ai peu d'aide car j'ai beaucoup de peine à déléguer, je suis en apprentissage, si je n'y arrive pas maintenant ça sera trop tard) (on dit merci à qui ? A maman).
Pour ma part, travaillant à l'hôpital de ma petite ville, et ne me sentant plus guère chez moi dans mon foyer, c'est un soulagement de m'en aller quelques petits jours par semaine (mais j'aime ma famille, ne vous en faite point).

Nous avons une maison, un jardin, une bibliothèque fournie, nous vivons à la campagne, nous n'avons plus de jeunes enfants. Et nous avons même internet et la télévision. Mais même ainsi il a fallu s'adapter. Se faire bercer déranger tout au long de la journée par la voix de son mari (et de ses correspondants) en séance par écrans interposés, ne plus trouver un endroit tranquille pour essayer de se changer les idées en lisant un bon bouquin, nourrir à nouveau toute la famille par un repas consistant 2 fois par jour. Vivre ensemble 24h/24. Tous ces changements ont engendré une émotion à fleurs de peau pour chacun, surtout la première semaine... 
A part pour Fiston 2e dont la vie n'a guère changé il est vrai (elle s'est même améliorée quelques peu vu qu'il retrouve des potes en ligne, maintenant qu'ils n'ont plus de cours !). 
Pour mon Nommamoi, plus de sport à la TV... terrible. Ce fut pathétique de le voir l'autre jour regarder un vieux match de tennis de 2017 dont il en connaissait déjà l'issue (bon, il a regardé que la fin...n'exagérons rien).

Cet avenir incertain.  Nos esprits moins paisibles vu l'incertitude de l'avenir. Vu les mauvaises nouvelles au loin qui se rapprochent toujours plus de nous... Déstabilisant. 
Le souci de nos parents plus âgés et d'autres amis autour de nous, de notre église. Les convaincre de ne plus faire leurs achats eux-mêmes, aider ceux qui n'ont personne. Organisation. 
Annuler au fur et à mesure tout ce qui était agendé, organisé depuis des mois : des voyages, des weekends, des séminaires, des cultes, bref, TOUT. Perturbant.
On est fou tout ce qu'on avait à l'agenda ! Complètement. 

A présent, la vie est plus calme. Plus simple.  Malgré la distance sociale, nous n'avons pas moins de nouvelles des uns et des autres, plutôt même plus. Tellement reconnaissante des moyens actuels pour se parler, se voir malgré tout. 

Ce virus a stoppé le cercle vicieux de nos vies de fous, à courir pour toujours plus : plus d'activités, plus de déco (!), plus de voyages, plus d'argent, toujours plus, toujours plus.... au détriment des ressources de la terre, au détriment des plus pauvres de notre planète, au détriment du sens de nos vies. Du vrai sens. 

Ceci me permet même d'écrire à nouveau sur ce blog. Avec peine. Avec angoisse même. De lâcher juste les mots comme ça, en espérant que mes phrases auront un quelconque intérêt au final. J'ai perdu l'habitude dans la folie de ma vie, de m'arrêter et d'écrire. 

Qu'avons-nous à apprendre de cette période où tout s'est arrêté ? Où nous ne gérons rien ou si peu ? Où notre marge de manoeuvre est tellement minime ? Où nous risquons de tomber (gravement) malade à tout moment ? Où ceux que nous aimons risquent de tomber (gravement) malades ? Où nous risquons de tout perdre, que ça soit notre boulot pour certains, notre couple pour d'autres (vivre 24h/24 ensemble risque de sonner le glas de la fin d'un couple fragile). Oublié ou retardé le projet de maison, de voyage, le rêve d'accoucher avec le futur papa à nos côtés, le mariage au printemps, l'opération tant attendue. Risquer de ne pas pouvoir dire adieu à un être aimé en fin de vie, de perdre la santé ou même la vie... Tout est si fragile. Même pour nous, les plus gâtés de la planète. 

Oui, notre vie n'est rien du tout. Nous ne sommes que des humains. Un p'tit truc totalement invisible à l'oeil nu chamboule la terre entière. Qu'est-ce que la vie ? Qu'est-ce que MA vie ? Suis-je précieux/se ? A quoi sert ce passage de quelques années sur terre ? Pourquoi est-ce que je vis ? 
Pour... quoi est-ce que je vis ? Que dois-je apprendre personnellement en cette période incertaine ?

Si on ne se pose pas la question maintenant, va-t-on se la poser un jour ?

Le p'tit mot spi 

Et si vous adressiez humblement cette prière à Dieu ?

'Enseigne-nous à bien compter nos jours, afin que notre cœur parvienne à la sagesse! ' 
Psaumes 90:12 (S21)
ou dans une autre version :
'Notre vie est courte, fais-nous comprendre cela. Alors notre cœur sera rempli de sagesse. ' 
Les Psaumes 90:12 (PDV2017)

Arrêtez et sachez que je suis Dieu ! Je domine sur les nations, je domine sur la terre.
Psaume 46 : 10 (S21)

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