Accéder au contenu principal

S'accepter. Tel qu'on est.

Dernièrement mon cher frère responsable de la musique dans notre église m'a demandé si je pouvais accompagner au piano les chants le dimanche au culte. Car manque de pianiste,  2 pour tourner, c'est pas assez. Voyant ma réaction de loin pas enthousiaste (j'ai dû aussi changer de couleur)
"Mais tu es tout à fait capable ! Pas régulièrement d'abord, on essaie, maintenant que tu as un piano chez toi et que tu joues plus souvent... Tu te débrouilles très bien j'en suis sûr (qu'est-ce qu'il en sait mais qu'est-ce qu'il en sait ??!!!)... et na na ni, et nanana, et dorémifasollasido...". 

Il y a 25 ans, dans le temps donc, quand j'étais encore jeune, fraîche et lisse, avec quelques kilos de moins et non casée, j'accompagnais les chants dans notre mini groupe de jeunes de moins de 10 personnes. Pas le choix. Il n'y avait que moi. 

Mais maintenant ? Rien qu'à l'idée j'en ai des sueurs. Froides. Glacées. Puis bouillantes. Je me sens mal. 
"Ok alors, je tente le coup, mais pas régulièrement, hein, juste pour dépanner ? Je vois bien les besoins... mais bon...A vos risques et périls. C'est bien parce que c'est toi. Et je veux pouvoir répéter les chants 1-2 semaines à l'avance et pis..."

Ça approche. Je dors mal, pianote beaucoup (30 min-1h par jour, surtout que je manque de temps au cas où vous ne le saviez pas), casse les oreilles à ma famille, demande des conseils à mon guitariste de fils bien plus pro que moi dans la musique (et c'est pas difficile), et quand ma famille voit mon état de stress tout en croyant savoir le pourquoi :
"Non, je ne suis pas en syndrome prémenstruel, je joue du PIANO dimanche !!!!"

Jour J. Je suis plutôt du genre nerveuse-crispée-tendue-agité-fébrile, et mes épaules sont du dures comme du marbre.  9h-10h :  répétition avec le groupe de louange. Bof, je me rate. Je sue des doigts qui tremblent. Plus je réfléchis moins ça va. Certains morceaux OK, d'autres aïe aïe...  Bref. Pas le top du top. Les chanteurs m'encouragent, ils sont choupinets... Au moment M,  ça se passe assez bien, à part le dernier chant, que j'arrête en plein milieu !  Une p'tite fin en beauté Made in Sara. Malgré cela, je reçois plein de compliments, des exclamations de surprise (ah bon, tu joues du piano ?) ! J'en suis étonnée et j'ai bien de la peine à les croire... perfectionniste que je suis.

Quelques semaines plus tard, rebelote, et là la répétition me décourage... fini, c'est la dernière fois. Sur de sur.  Et ça se passe pas super bien. Franchement. Après coup je pleure tellement je me suis mis la pression !!!!!!!!(oui, même à mon âge, et je suis toujours pas en syndrome prémenstruel !!!!). Tellement je suis exigeante avec moi-même !  Je sais ce que j'aimerais atteindre. Et je n'arrive pas. Je suis au maximum de mes possibilités. J'aimerais que mes doigts dansent sur les touches. J'aimerais que ma musique entraîne les gens à chanter de tout leur coeur. J'aimerais atteindre le niveau de ces supers groupes de louange... HALTE !!!!!!!
Après le culte on discute entre "musiciens"... je leur dis que c'est fini, que je jouerai plus jamais... Tout en parlant nous réalisons tous que nous nous mettons la pression. Beaucoup trop. (si jamais, je suis sur le programme pour début juillet☺, j'essaie de ne pas y penser).

Qu'est-ce que je veux vraiment ?

Être parfaite ? Au piano ? Avec mes enfants ? Merveilleusement lookée en toute occasion ? Pas un grain de poussière dans mon ménage ? Ne jamais montrer mes lacunes ? Ne jamais afficher les limites de mes possibilités ? Même nos églises trop souvent veulent faire croire qu'elles sont parfaites : on est content si il y a un monde fou au culte, si la musique met une ambiance fabuleuse, si le bâtiment est pratique (bar, grande cuisine, wifi,  pleins de salles pour l'école du dimanche..) et éclatante (neuve, bien lookée au goût du jour)...  ce n'est pas mauvais de vouloir ça, du tout, mais... Jésus il me semble était plutôt du genre simple...

Dans notre société où le paraître est la chose la plus importante, comment nous comportons-nous ? Donnons-nous toute notre énergie dans le paraître en oubliant l'être, l'état de notre coeur ? Pourquoi jouais-je du piano, pour Dieu, qui m'accepte et m'a faite telle que je suis, ou pour ma gloriole personnelle ?

Voilà. Moi. Là, je dois accepter mes lacunes en piano. Je dois accepter mes limites. Je dois accepter que c'est comme ça. Point. Si Dieu m'a faite ainsi, il sait bien pourquoi. Peut-être que super douée je me serait enorgueillie complètement ? Mais je dois aussi accepter que je suis nulle en géographie (mon mari aussi doit m'aimer avec ça ;-), et parfois ça à l'air dur... ☺ ), que ma vie de famille n'est pas idyllique, que je ne suis pas une mère zen en tout temps, que je suis handicapée par le fait que je ne retiens PAS les prénoms, que je suis incapable de reconnaître les gens dans leur voiture, que je suis mal à l'aise avec certaines personnes, la-liste-est-longue-je-m'arrête-là. Bref, il faut que j'accepte ce que je suis en améliorant ce que je peux.


Vous avez déjà remarqué ? Quand vous vous dites que vous êtes enfin formidable, bien sous tout rapport, que vous êtes enfin arrivée à ce que vous vouliez être, ou faire, que vous vous trouvez nickel ben.... il y a "droit un truc" qui t'arrive dans les minutes, heures, ou jours qui viennent pour te montrer que tu es loin d'être d'une perfectitude sans faute  ? 

Arrêter de se regarder le nombril, regarder plutôt autour de soi. Et avancer. Avec nos lacunes. Avec Celui qui nous aime tel que nous sommes. Et ce qui est génial c'est que Dieu nous utilise. Même si je fais des fausses notes au piano. Il est assez Puissant pour pallier à nos manques. Yehhhhhh !

Et pour terminer, cette pensée pour nous consoler, nous les éternels insatisfaits de nous-mêmes  : 
C'est une perfection de n'aspirer point à être parfait. Fénelon
Ben ouais. Car on le sait. On est imparfait. On le sera toujours tant qu'on est sur cette terre. Humain que nous sommes. Mais Dieu est Grâce, et on peut avancer, grâce à Lui, grâce à cette grâce qu'Il nous offre gracieusement. Si on l'accepte. Comme un cadeau. Gratos.

Et oui, je sais. Ce post n'est pas parfait. Et ça m'énerve un peu. Bon. 

Commentaires

Ce post n'est peut-être pas parfait, mais, les miens non plus, et en tout cas, il me parle: moi aussi je tremble des doigts au point de louper les touches au piano dès que je joue en publique. C'est sans doute pour moi la chose la plus difficile à surmonter, plus encore que de passer le bac ou le permis !... Du coup, je ne joue presque qu'en privé...quand j'ai le temps (une fois touts les six mois)...J'ai aussi repris le travail, la poussière s'accumule un peu partout, je crie sur mes filles au passage alors que je sais bien qu'il ne faudrait pas, et je ne reconnais personne hors contexte, encore moins les prénoms. Du coup, cette chronique m'a vraiment rassurée: nous ne sommes pas parfait, mais nous ne sommes pas les seuls, et dans le fond, ce n'est pas bien grave. La perfection n'est pas de ce monde, elle est sans doute divine; l'imperfection est bien humaine et c'est elle qui nous rend finalement si touchants...si,si.

Posts les plus consultés de ce blog

Retour dans le passé et... nos problèmes de riches...

Cet été j'ai eu l'énorme cadeau de retourner deux semaines au Tchad, où nous avons vécu en famille durant 3 années il y a plus de 20 ans... Avec mon Nommamoi, nous étions accompagnés de 6 jeunes de notre région qui avaient envie de découvrir  un autre monde, et ils n'ont pas été déçus : découvertes de projets de la mission où mon Nommamoi est engagé (et avec laquelle on était partis à l'époque  (la MET)  ) , échanges avec des jeunes de leur âge, différentes activités avec eux (sport, chorale...), découverte d'une autre façon de vivre (invitations chez l'habitant pour partager un repas à manger avec les mains, visite de dispensaires, balades vers les puits, "profiter" de la chaleur humide accablante, économiser l'eau de la douche, manger le coq reçu vivant en cadeau, etc.). Ce furent des moments forts, parfois difficiles (vive la turista !), souvent tellement wouahhhh.  Bref, la dernière fois que j'y avais mis les pieds, sur cette autre planè

Quand ton corps te lâche...

Dormir. Ahhh, dormir ! Bien dormir, dormir d'une traite. Faire grasse mat, une matinée de grâce ! Dormir comme un bébé (ceux qui croient que ça veut dire bien dormir n'ont jamais eu de bébé). Cela fait... rêver debout ! Entre celui qui dort peu car il allonge les heures de boulot (on se réveille à 4h, on va bosser à 5h, on revient à la maison 12-13h plus tard... et un p'tit comité le soir pour terminer en beauté !) , l'autre qui se fait réveiller par ses filles (qui ont vomit, qui font des cauchemars, qui ont fait pipi au lit, qui toussent non-stop, ou vite un p'tit passage aux urgences...) , ou celui qui a un nouveau-né (qui dort 30 minutes d'affilée maximum et qu'il faut bercer à chaque fois, pour qu'il se rendorme) ... oui, il y a parfois des périodes compliquées ! Ou quand notre squelette nous fait souffrir (des petites-nanas à porter à passé 50 ans, ça fait grincer les articulations) , quand on sue sans raison (merci les hormones !) , quand le ham

Ma montre compteuse-de-pas

Je suis fâchée contre elle. Contre ma montre compteuse-de-pas.  L'autre jour, journée off. Sans garde, sans boulot hors de la maison. Je pouvais vaquer à mes occupations comme je l'entendais. J'ai profité à fond de mon chez moi. De faire ce qu'il y avait à faire. J'étais motivée. J'avais de l'énergie. J'étais heureuse de faire quelques nettoyages, rangements, tri, lessive et de jeter un oeil à la fin de ma journée sur les résultats : une maison rangée, propre. Satisfaisant.  Comme chaque soir, je jette un oeil sur ma montre compteuse de pas : en une journée, en restant chez moi, j'ai marché quasi 10 km !!! Incroyable, j'en reviens pas ! Et tout ça, dans la joie, la zénitude et l'allégresse ! Sans plus d'efforts que ça ! Ma montre me félicite. Comme il se doit. Merci ma montre.  Mais en général, ma montre ne réagit pas tellement à mes journées bien remplies. Elle ne me félicite pas lors de ces journées où je décide de faire mes vitres ou q