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Moi : boulot. Eux : vacances. Ou : une histoire de mammouths.

Me voilà tiraillée. Ecartelée. Dans les tripes. Là. Bien au fond. Dans le tréfonds de moi. 
C'est les vacances. Tant attendues. Mais pas les miennes. Juste celles de mes enfants. De mes trois petiots. Mon aînée, pas de vacances. Mon mari, pas de vacances. Moi, pas de vacances. Bien au contraire. Déjà que ça m'était dur de laisser mes petiots seuls 1 heure ou 2 à la maison quand je travaille et quand ils ont l'école (mais je m'y suis fait voyant leur joie d'être... sans moi), là je les laisserai seuls, quand moi je remplacerai en partie une collègue qui a bien besoin de ses vacances (après, c'est moi. Na). Ce qui augmentera mon taux d'absence de la maison de 2 à 3 jours par semaine. Eh oui, dans un hôpital, y a toujours du boulot. C'est comme ça.

Me voilà donc écartelée. Tiraillée. Pas bien dans moi. Et j'analyse. J'analyse ce fait. Pourquoi, moi, je le suis ? Et pas mon homme, laissant seuls lui aussi ses, tout-autant-les-siens-que-les-miens-je-peux-vous-l'assurer, petiots ?

Il m'arrive de réfléchir. Parfois. Et mon esprit s'en va dans des temps éloignés. Anciens. Très. Au tant des... Cro-Magnons. Là est peut-être l'explication. Ben ouais. Il fallait tout de même y penser. Hein ? Oui. Il m'arrive de réfléchir.

Pour Môsieur Cro-Magnon (est-ce qu'ils s'appelaient Môsieur entre eux, j'en doute), sa vie se limite à la chasse. A préparer ses outils. Pour la chasse. A se lever à l'aurore. Pour la chasse. Du mammouth. Tout ça pour nourrir sa famille. Sans oublier de remplir son estomac à lui. Bien sûr. Voilà son but, sa raison de vivre : maintenir les siens dans le meilleur état possible. Donc aussi à défendre son clan. Contre des autres chasseurs qui se permettent de chasser eux aussi des mammouths (et oui, pour le mâle, depuis la nuit des temps-la preuve- plus grand est le steak, mieux c'est. Ben ouais.). Il doit se concentrer, chasser la bête. Bête animale ou humaine. Perfectionner ses outils. Ramener à l'aide de ses collègues-chasseurs des mammouths, et encore des mammouths (on se demande du coup plus pourquoi y en a plus). Et  ses journées se passent ainsi, restant concentré sur une chose à la fois soit : 1. Trouver la bête 2. Tuer la bête 3. Ramener la bête (il peut marcher des heures avec son mammouth sur le dos en ne pensant qu'à ça)  4. En arrivant, il s'attend, parfois en vain malheureusement, aux exclamations d'admiration de sa moitié devant le plus beau gros obèse de mammouth qu'il lui apporte. 5. Puis très rapidement, point 4 ou non s'étant réalisé  : à quelle sauce va être mangée la bête (LA chose la plus importante pour LE mâle. LE vrai)... Oui, tout ça grâce à Madame Cro-Magnon, car Il le sait au tréfonds de lui dans ses tripes, qu'elle s'occupe parfaitement bien de la caverne et de ce qu'elle contient (enfants, peaux de mammouths, outre en peaux de mammouths, vêtements en peaux de mammouths, etc. Pas d'angoisse pour lui à l'époque car la carte Visa n'existait tout simplement pas...). Lui, il se concentre donc, au-risque-de-me-répéter-mais-comme-ça-je-suis-sûre-que-vous-avez-compris, sur la chasse. C'est son job. Point.

Pour Madame Cro-Magnon... comme vous l'avez deviné sûrement, ses journées se passent à la caverne attendant son fier mâle-chasseur de mammouth (le meilleur et le plus beau du clan bien sûr, c'est-à-dire le plus poilu). Elle cherche du bois pour le feu. A la source, elle remplit d'eau ses outres de cuir de mammouth. Tout ça enceinte jusqu'aux yeux. Surveillant de ses 5 sens ses marmots : les p'tits mâles jouant à... vous l'aurez deviné, chasser le mammouth, les p'tites filles (non non, je n'écrirai pas femelles) s'amusant gaiement avec des restes de peaux de mammouths faisant office de poupées. Bref, Madame CM, attend son chasseur de mari tout en balayant sa caverne (rêvant déjà à un Dyson, je puis vous l'assurer), accouchant dans la douleur (tout en imaginant déjà la péridurale), et se demandant QUAND son CM d'homme reviendra enfin (les enfants crèvent de faim, là, ils pleurent, et moi j'suis en train d'accoucher et l'eau bout sur le feu). Et oui... c'est en ce temps-là, qui l'aurait cru, que dans l'esprit de ces illustres femmes,  germait déjà l'idée qu'un morceau d'écorce contenant quelques infos serait pratique : et oui, les prémices de l'Iphone et de son appli Mes Amis (déjà mentionnée dans le post précédent) étaient nés. Madame donc, fourmille d'idées de toutes sortes, pense à tout ce qu'elle dira à son CM-chéri dès qu'il rentrera fatigué-épuisé-plein de sang de mammouth sur la figure-pensant qu'à manger et pas à se doucher.  Elle lui expliquera ce qu'il pourrait faire pour améliorer leur caverne genre : pourquoi ne pas avoir deux peaux de mammouth pour dormir, au lieu d'une, ce serait pas mieux, dit, pour moins s'énerver tous les deux la nuit ? (et pressée de lui partager toutes ses idées en oubliera d'être émerveillée face au super mammouth ramené à la caverne... bon du coup, il faut dire que c'est serré-serré là-dedans)

Retour en 2013. Me voilà rassurée. Depuis la nuit des temps donc, nous, femmes, sommes formatées pour nous occuper de notre foyer en attendant notre moitié. C'est pourquoi, nous, on cul-pa-bi-li-se si on y est pas. On se sent supra responsables de nos petiots. On pense à tout ce qui pourrait leur arriver genre se brûler dans le feu (voir n'importe quoi sur internet), se blesser avec le silex (le couteau de la cuisine quand ils rangent le lave-vaisselle), être attaqué par une bande de mammouths (des voleurs dans notre maison), ou de chasseurs de l'autre clan (des enfants pas très sympas, etc). Nos hommes, eux, sont satisfaits s'ils peuvent amener à leur famille ce qu'il leur faut pour vivre. Pour vivre le mieux possible. Tout en sachant bien sûr, que leur épouse si parfaite s'occupe de toute façon de tout dans son foyer. Même si elle y est absente (!?!). Tout en nous assurant dans nos moments de culpabilite aiguë que... ben, on a pas de souci à nous faire. Ils sont déjà grands nos petiots. Voyons. Grands et forts. Bien sûr. Comme leur géniteur (mais ils ont besoin de moââââ qu'on pense dans nos tripes, même si personne ne le réalise !).

Eh oui. Je ne suis pas une féministe.  Je suis juste convaincue de nos rôles respectifs. Complémentaires. Notre culture européenne actuelle prône l'interchangeabilité des rôles masculin-féminin. Nous, femmes, baignant dans tout ça, devenons plus exigeantes face à nos mâles qui sont pourtant hommes. Non, nous ne serons jamais tout à fait comme eux. Ni eux tout à fait comme nous. On voudrait même pas. Les voir nous piquer notre mascara. Beurk. Voilà.



PS : comme vous l'aurez probablement remarqué, j'y connais pas grand chose aux Cro-Magnons. J'ai même pas contrôlé la véracité de mes propos. Je suis tout de même quasi sûre que leur vie était un chouia moins confortable que pour nous et qu'ils n'avaient pas d'Iphone. Ni le Dyson. En fait.

Commentaires

Evi a dit…
Etant donné que je suis seule au boulot et que mon collègue est en vadrouille, personne ne partage ma pause café. Pour me sentir moins seule, je visite donc quelques blogs et en général je m'attarde sur le tien. Avec tes histoires géniales je passe régulièrement un bon moment (bien meilleur qu'avec certains collègues) MERCI,MERCI,MERCI...
Ah, la répartition des rôles, c'est tout une histoire. Oh combien de fois j'étais imbuvable à l'approche des vacances scolaires pour les raisons que tu connais. Et mon cher CM qui ne pense qu'à me prendre avec à la chasse au mammouth! Et pendant que nous chassons vient toujours la question "t'a prévu qqch à souper?" Non mais, je rigole.... :D:D:D Quel CM celui-la! Mais je l'aime mon CM.
Allez, c'est bientôt la rentrée !
Pregnancy a dit…
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