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Et si j'abandonnais ma famille ?


Il m'est arrivé d'avoir envie de partir sur une île déserte. Seule. Pour avoir la paix. Mais jamais j'avais pensé à la possibilité d'y abandonner toute ma famille, en partant avec le seul moyen qu'ils avaient de rejoindre le monde... et moi-même. 

Loin de tout. Et surtout du wifi. 
Paix. Calme. Silence. Lenteur. 
Nature. 
Voilà ce que nous avons vécu durant 18 heures  en famille. 
Voilà des mois que nous avions réservé cette date pour dormir dans une cabane flottante... À 6. 
Papa-maman que nous sommes avons voulu garder la surprise. Et ça a marché. Nos Zenfants ne savaient même pas que ce genre de lieu existait.
Sur la route, ils avaient peur. Peur que ça ne leur plaise pas. Souci que les parents aient une idée bizarre. Encore une. Ne pas savoir, se laisser entraîner sans savoir où. Déjà pour eux le lâcher-prise n'est apparemment pas évident. Seule Manana 1ère était zen. Ou paraissait zen. Elle en a vu d'autres. 

J'étais aussi un peu tendue, mais pas pour les mêmes raisons : je ne voulais pas que mon Nommamoi donne trop d'indices... mais j'étais sûre que ça plairait à chacun. Même moi j'étais impatiente. 
Dormir dans une cabane sur un lac, dont la seule façon de s'y rendre est en barque. Trop top. 

On y est. Calme. Retour à la nature. Rêve. 
Heureux. Chacun de mes Zenfants sont heureux. À peine arrivés et installés, mes gars décident de parcourir le lac à la force de leurs bras musclés, mon Nommamoi et Mesnanas font une longue sieste dans leur lit douillet, bercés par le clapotis de l'eau, et moi j'immortalise les lieux pour pouvoir le partager sur Instagram. 
Et tenir au courant les gens intéressés... auxquels j'avais aussi tu notre destination.

Oui, j'irai plus tard, dès que notre seul moyen de locomotion sera de retour, à cet endroit sur la terre ferme, équipé de "vraie" toilettes, douches, bibliothèque, café et thé et... du wifi. Crus-je.
Mes gars, tout joyeux, sont de retour. Je m'embarque seule dans la barque, laissant ma family sur l'île. Je suis quelque peu stressée : la dernière fois que j'ai ramé, à 15 ans, je me suis retrouvée sur une île bien loin du rivage. Mon papa avait du venir me repêché à l'aide d'un matelas pneumatique. Bon. C'était la mer. Il y avait des vagues. J'étais jeune. Et j'avais pas mon permis de conduire. 
J'ai quand même quelques dizaines d'années de plus à présent. Ça va aller. 

Et c'est allé. Ça veut dire que accoster au ponton prévu a été un peu sport : il est vrai que nous nous sommes retrouvées, moi et ma barque, sous des broussailles... Mais j'y suis arrivée, à la force de mes bras musclés tels ceux de mes garsàmoi (moui). Je rigolais toute seule, heureuse de ne voir personne sur notre île qui me regardait, la tête dans les feuilles. 

La balade dans la forêt jusqu'à l'endroit où je pouvais rejoindre le vaste monde du net a été jouissive. Seule. Juste avec la nature, ses bruissements et pépiements. Un bonheur. Moi qui ai eu des semaines assez difficiles nerveusement, je sens la paix revenir en moi, le dé-stress. En plus rien ne sert de se presser. J'ai rien à faire. Rien. Juste poster quelques photos sur Instagram... pour ma Mamanàmoi impatiente de savoir où on est.

Je croise juste un gars et son fils dans la forêt... qui s'amusent avec des branches. 
J'arrive vers cette maison en bois ressemblant à un bâtiment de western. Trop classe. Je m'arme de mon phone et j'essaie de me connecter, mais rien. Rien. Rien de rien. Pas de wifi. 
Oui. Je suis déçue. Un peu. Mais pas autant que j'aurais pu l'être. Ce calme ambiant est tellement ressourçant que quelque part je préfère ne pas savoir ce qui se passe de par le monde. Tant pis. Les gens attendront. Ils vont survivre. 
Et moi aussi. 

Sans presser le pas je retourne par mon chemin de par les bois et je recroise le même gars et son fils. Il veut me demander quelque chose. Il se donne beaucoup de peine pour me poser cette question fatidique, effroyable, casseuse de paix du lieu (avec un fort accent allemand)
- Matame, fous savez il y a de le wifi ici ? Tou wlan ? 
- Ohhhh non, que je réponds outrée qu'il puisse se poser une question qui outrage la paix du lieu, il n'y en a pas. Peut-être à l'accueil ? (l'accueil est très loin vu que c'est un énorme domaine, le pauvre)...
- Ok... qu'il me répond, soucieux. 
Les gens sont vraiment accros. Franchement. (non, non, moi je ne le suis pas autant)
Bon. 
Je continue mon bonhomme de chemin. Je savoure chaque instant. C'est un pur bonheur. 

Arrivée vers mon bateau, j'augmente encore ce bonheur d'un cran avec cette réflexion :

Tu sais que tes gosses et ton Nommamoi ne viendront pas te déranger car c'est toi qui a la barque. 
Hahaha. 

Ehhhh oui, ils sont coincés dans leurs cabanes flottantes. 
J'ai la paix. 
Et si je restais là. Tout simplement ?
Je m'asseye sur le ponton et je regarde notre île. Pas un chat. Toute ma family doit être à l'intérieur. 
Pour moi c'est juste le vent dans les feuilles. Et quelques pépiements d'oiseaux. Le clapotis de l'eau...
Et la barque devant moi. Oui, la balle la barque est dans mon camp. 
Si je veux, je reste là. Et j'ai la paix. A vie.
Je prolonge le moment de quelques minutes. Savoure. 

Puis me dis que bon, là je me sens remplie de paix et zen, je crois que je peux retourner près des miens. Et leur rendre leur liberté. Qu'ils avaient perdue un moment, sans le réaliser. Et puis je crois quand même qu'ils me manqueraient. J'en suis sûre. Même plus que le wifi.

Allez. J'embarque et rame. Moi qui fais les choses (trop) vite tout le temps, je ne peux pas à présent. Je dois ramer paisiblement, réfléchir à ce que je fais, à une chose à la fois, pour arriver au bon endroit. Et c'est un plaisir incroyable. 
J'arrive vers notre île, mais au lieu d'accoster proprement, j'en fais presque le tour. Par la fenêtre de la cabane mes gars me font un coucou joyeux. Ils croient que je me balade. Je ne vais pas leur donner une occasion supplémentaire de se moquer. Quand même. 
Je leur fais un gai coucou de la main moi aussi. 
Je rigole toute seule.
Puis, retrouvant quelque capacité, j'arrive à mettre mon embarcation dans la bonne direction puis j'arrive à bon port. 
Je rejoins ma famille, elle aussi toute pacifiée et zénifiée par ce lieu incroyable. 
Nous avons passé 18 heures géniales et pleines de bonne humeur. 
Même sans wifi.
C'était trop court. 
J'espère revenir. 

PS 1 : Manana 1ère a osé me dire au moment où je partais en chercher : Oh tu m'énerves avec TON wifi !
PS 2 : j'en reviens pas, je suis la seule de ma family à avoir cherché du wifi ! Seule moi ai prononcé ce mot ! 
PS 3 : honte à moi. Il faut que je me soigne. 
PS 4 : Elo, Mary, ne rigolez pas. Merci. 
PS 5 : c'est chez Décathlon que j'ai ENFIN retrouvé du wifi  ! Et que j'ai appris que mon livre était arrivé dans ma maison d'éditions, et qu'il était trop beau !!! Yehhh 👍 (jamais autant aimé Décathlon)
PS 6 : Et JAMAIS je n'abandonnerai ma famille. Non, vous n'y avez pas cru quand même ?

Le p'tit mot spi :

Il y a deux trucs sympas avec Dieu (euuuh, beaucoup plus que 2 en fait, mais en voici déjà deux) :

1. On peut toujours compter sur Lui, si nous remettons notre vie entre Ses mains, Il ne va pas nous abandonner, Il sera toujours à nos côtés.

Même si mon père et ma mère viennent à m’abandonner, l’Eternel m’accueillera. Psaume 27 : 10
Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde. Matthieu 28 : 20

2. Il est PARTOUT présent. Pas comme le wifi. On peut toujours et partout se connecter à Lui. Il sait TOUT de nous (plus qu'internet, ça j'vous dis)

En effet, l'Eternel parcourt toute la terre du regard pour soutenir ceux dont le cœur lui est attaché sans réserve. 2 Chroniques 16 : 9

Où pourrais-je aller loin de ton Esprit, où pourrais-je fuir loin de ta présence? Si je monte au ciel, tu es là; si je me couche au séjour des morts, te voilà. Si je prends les ailes de l’aurore pour habiter à l’extrémité de la mer, là aussi ta main me conduira, ta main droite m’empoignera. Si je me dis: «Au moins les ténèbres me couvriront», la nuit devient lumière autour de moi! Même les ténèbres ne sont pas obscures pour toi: la nuit brille comme le jour, et les ténèbres comme la lumière. Psaume 139 : 7-12EnregistrerEnregistrer

Commentaires

Unknown a dit…
Chère Sarah, quel plaisir de te lire, une fois encore ! Et quelle chance j'ai d'avoir reçu, ce jour même, dans ma boîte aux lettres ton beau (très beau, oui !) livre ! Si joliment illustré en plus ! Grand merci pour la dédicace que je n'ai pas vue tout de suite... une vraie surprise ! Je suis toute fière que tu aies pensé à moi page 198 !! Je viens de publier un petit billet pour en parler et te faire un coup de pub, bien modestement... Si ça te tente de jeter un oeil, voire deux... Je vais me plonger dans la lecture de tes joyeux écrits si bien inspirés. Merci encore Sarah pour ta délicatesse ! Ton "amie de la toile", Marie-Jo (Coton et Cannelle)

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