Ma chère Cunégonde !
Oh, je n'y croyais plus. Je commençais même à douter de t'avoir réellement croisée un jour. Parfois ma mémoire me joue des tours... mais oui, ta lettre m'a confirmé non seulement que tu existes mais aussi que je n'ai pas complètement perdu la tête ! Quel soulagement !
Oui, je suis grand-mère ! Mon changement de statut s'est fait il y a 10 jours, mais non sans mal ! Ah oui, ça a été bien compliqué, éprouvant pour mes nerfs... Ahhh, je ne sais que te dire, mais parfois je regrette un peu mon époque (ouhhhh là, première symptôme de mon état vieillissant) sans smartphone, sans infos à la seconde. Bref.
Je vais te narrer en grande ligne, pour ne pas te prendre trop de ton temps (j'ai bien compris que tu n'avais pas que moi à penser), ce weekend qui m'a fait changer de statut.
Déjà nous avons eu une chance inouïe : Fiston 1er nous a tenu au courant du déroulement de l'accouchement durant plus de 24 heures. Depuis le vendredi soir, nous avons su quand les choses avançaient, ou non, quand ils ont pu dormir un petit moment (nous en avons profité aussi), nous avons aussi appris quand il n'en pouvait plus de voir sa femme souffrir et de ne pouvoir l'aider, mais aussi quand il était plein d'admiration de sa façon de gérer durant des heures la souffrance... (ahhh, les femmes, c'est du solide !). Durant les heures où nous n'avions pas de nouvelles, les futures grands-mères nous appelions pour exprimer nos émotions, entre inquiétude et espoir... par moment nous n'en pouvions plus. Les 4 futurs grands-parents dans l'attente essayions de se changer les idées chacun d'une manière différente : bricolage, abruttissage derrière nos smartphones, shopping, triage, sport à la TV... longue trop longue journée...Oui ! C'était nous qui étions à plaindre !!! (je ne vais quand même pas écrire ça).
Puis le deuxième soir est arrivé... nous n'avions plus de nouvelles depuis un certain temps et nous n'en pouvions plus de fatigue (la première nuit avait déjà été dure)...
Déjà nous avons eu une chance inouïe : Fiston 1er nous a tenu au courant du déroulement de l'accouchement durant plus de 24 heures. Depuis le vendredi soir, nous avons su quand les choses avançaient, ou non, quand ils ont pu dormir un petit moment (nous en avons profité aussi), nous avons aussi appris quand il n'en pouvait plus de voir sa femme souffrir et de ne pouvoir l'aider, mais aussi quand il était plein d'admiration de sa façon de gérer durant des heures la souffrance... (ahhh, les femmes, c'est du solide !). Durant les heures où nous n'avions pas de nouvelles, les futures grands-mères nous appelions pour exprimer nos émotions, entre inquiétude et espoir... par moment nous n'en pouvions plus. Les 4 futurs grands-parents dans l'attente essayions de se changer les idées chacun d'une manière différente : bricolage, abruttissage derrière nos smartphones, shopping, triage, sport à la TV... longue trop longue journée...
Puis le deuxième soir est arrivé... nous n'avions plus de nouvelles depuis un certain temps et nous n'en pouvions plus de fatigue (la première nuit avait déjà été dure)...
Pour finir, je me suis dit que ce serait probablement le premier bébé qui ne sortirait jamais, il grandirait là, dans ce ventre où il se sentait si bien. Ben voilà. Jamais je ne connaitrais ce bébé. Jamais.
Allons nous coucher.
Chère Cunégonde, j'ai dormi quelques heures l'oreille quasi collée à mon smartphone... Un peu avant minuit, je me réveille : toujours rien, l'angoisse montait quelque peu chez les grands-mères, puis à minuit 14, contre toute attente, une photo du plus merveilleux bébé du monde entier (je t'assure, je t'assure !!!), né 10 minutes auparavant s'est pointée au même moment sur les 4 smartphones des 4 grands-parents ! Nous découvrîmes son prénom : Ptitenana (joli, non ?). Bouffée d'émotion, difficulté à y croire, larmes, excitation, reconnaissance, montée ultra-rapide des escaliers (tellement que j'aurais presque pu revenir dans le passé), pour annoncer la nouvelle aux tonton-tantes tout neufs et réveillés en sursaut. Quelques photos, un skype de quelques mini minutes pour découvrir Ptitenana et quelques heures plus tard, lorsque l'adrénaline enfin redescendit un peu... nous nous endormirent. Heureux.
Au taquet et réveillés tôt, nous avons dû patienter 10h (pffff) pour découvrir cette merveille et des parents tout neufs rayonnants de bonheur !
Et j'ai contrôlé : 10 doigts, avec les phalanges-phalangines-phalangettes pour la plupart sauf pour les pouces (normal). 10 orteils, les gros-les petits tous au bon endroit. Le nez au milieu du visage (avec les deux trous bien visibles et bien positionnés), la bouche en dessous, les yeux en-dessus du nez et de chaque côté, les sourcils au bon endroit, un intestin qui fonctionne déjà, des cheveux sur la tête et pas ailleurs, bref, le plus beau miracle : une nouvelle vie ! Ptitenana est parfaite, rien ne lui manque. Et en te lisant l'autre jour, toi qui mentionnais que tu doutais de l'existence de Dieu, pour ma part, voir un nouveau-né me prouve qu'il y a quelqu'un derrière tout ça : et quelqu'un qui doit aimer l'ordre, la beauté, qui fait les choses avec amour, et qui sait compter. Un artiste aimant ce qu'il fait. Tu sais je pense, que le nouveau-né lorsqu'il tète sa maman... démarre un mécanisme qui remet en place l'utérus de la maman... moi je trouve ça fou. Cet artiste doit aimer aussi la mécanique.
Le hasard, j'y crois pas. Il faut trop de foi pour ça.
Bref, je te laisse cette réflexion en passant.
Je voulais faire court, mais je n'y arrive pas. Je me remémore ces moments, l'impatience de Fiston 1er et Belnana 1ère de nous faire découvrir leur trésor. Leur joie, leur tendresse, leur amour envers ce petit être fraîchement né. Tellement si beau. Comme tu le disais, ça fait du bien de voir du beau dans ce monde de brutes. Elle est née. Elle va bien.
Deux jours après, nous les avons revus, déjà de retour dans leur maison. Ptitenana encore plus belle... et si calme. Mais j'ai surtout revu Belnana 1ère. Fraîche comme une rose, rayonnante. Pas traumatisée de la longue durée de son accouchement. Moi, je n'avais toujours pas récupéré de ce weekend plein d'émotion mais sans sommeil, les valises sous mes yeux étaient lourdes... la fatigue m'a tenu encore deux jours. L'âge je suppose.
C'était un weekend épuisant, ça je te dis.
Je crois que je m'arrête là pour le moment. Je te raconterai ce qui se passe quand on mute mémé. C'est très rigolo. Surprenant. Je ne m'y attendais pas.
Mais je te laisse. Tu n'as pas que moi, je sais. Peut-être même que je t'ai déjà perdue. Es-tu là ?
Bon... Cunégonde, encore merci pour ton mot. Bizarre. Pas de timbre ni d'adresse, mais il est arrivé chez moi. Tu utilises quoi comme poste ?
A la revoyure (ça se dit comme ça ?) !
Sarah la nouvelle grand-mère
PS : un p'tit verset de la Bible sur le sujet que j'aime beaucoup :
'Tu m’as fait ce que je suis, et tu m’as tissé dans le ventre de ma mère. Je te loue d’avoir fait de moi une créature aussi merveilleuse : tu fais des merveilles, et je le reconnais bien. Mon corps n’était pas caché à tes yeux quand, dans le secret, je fus façonné et tissé comme dans les profondeurs de la terre. Je n’étais encore qu’une masse informe, mais tu me voyais et, dans ton registre, se trouvaient déjà inscrits tous les jours que tu m’avais destinés alors qu’aucun d’eux n’existait encore. ' Psaumes 139:13-16
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