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Retour dans le passé et... nos problèmes de riches...

Cet été j'ai eu l'énorme cadeau de retourner deux semaines au Tchad, où nous avons vécu en famille durant 3 années il y a plus de 20 ans... Avec mon Nommamoi, nous étions accompagnés de 6 jeunes de notre région qui avaient envie de découvrir  un autre monde, et ils n'ont pas été déçus : découvertes de projets de la mission où mon Nommamoi est engagé (et avec laquelle on était partis à l'époque (la MET) ), échanges avec des jeunes de leur âge, différentes activités avec eux (sport, chorale...), découverte d'une autre façon de vivre (invitations chez l'habitant pour partager un repas à manger avec les mains, visite de dispensaires, balades vers les puits, "profiter" de la chaleur humide accablante, économiser l'eau de la douche, manger le coq reçu vivant en cadeau, etc.). Ce furent des moments forts, parfois difficiles (vive la turista !), souvent tellement wouahhhh. 

Bref, la dernière fois que j'y avais mis les pieds, sur cette autre planète, c'était il y a plus de 12 ans et avec mes Zenfants à moi, en décembre 2010. Vous pouvez même (re-)lire quelques posts écrit à l'époque directement du Tchad  (ici, j'ai été tentée de corriger certaines tournures de phrases et des fautes d'orthographes en me relisant, arghhh, mais passons) !

C'est fou comme le fait de mettre le pied hors de l'avion, d'humer l'air chaud et humide et les odeurs propres à cet endroit, m'a directement renvoyée 24 ans en arrière ! Moment émotion de fou et larmichettes ! C'est fou comme loger dans la même maison, le même appartement, et même dormir dans le même lit, m'a fait retrouver mes marques comme à l'époque et a bousculé mes émotions ! Retrouver et réutiliser la passoire en plastique qui avait déjà un certain âge à l'époque, reconnaître malgré son coup'd'vieux la bouilloire que j'avais amenée, la cuisinière à gaz où je cuisinais, les tableaux que j'avais accrochés, le couvre-lit, toujours utile, choisi par moi-même pour Manana 1ère, 11 mois à l'époque, de même que sa petite chaise qu'on avait fait faire... et les rideaux de notre chambre à coucher, tout pareil, et la plupart des meubles également ! Même les pannes d'électricités régulières qui durent plus d'une journée, ça n'a pas changé depuis cette époque ! Bien sûr, il y a eu quelques améliorations par-ci par-là (un ventilateur en plus, un rideau à la douche, la climatisation qui est installée pour quelques chambres, un groupe électrogène...), mais la même ambiance, les mêmes odeurs, la poussière, la porte d'entrée qui claque de la même manière... J'ai retrouvé mes marques, que je croyais perdues, et le peu de vocabulaire que j'avais en arabe tchadien... La preuve que c'était vraiment moi qui ai vécu par là-bas un jour ;-) (parfois j'en doute ! Haha)

Bref, un peu plus, je pensais pouvoir m'assoir discrètement dans un coin de la maison et voir déambuler et vivre la Sarah d'il y a 25 ans avec ses deux petiots de l'époque. Mélancolie. Tourneboulage cérébral. Retour dans le passé. Et depuis notre retour, 24 ans ont passé. Vioup.

Un hadjaja (éventail), un chapeau fait par un aveugle pour gagner sa vie...
et le reste mentionné dans ce post !

Voilà voilà. Pourquoi je voulais vous écrire ça, moi, déjà... Ben, parce que de ce voyage, j'aimerais quand même retenir quelques leçons utiles...

- Déjà, la JOIE (ils rigolent très facilement, et dansent à l'église, si si !), la FOI, la PERSEVERANCE, la CONFIANCE des chrétiens tchadiens que nous avons pu rencontrer. Vous savez quoi ? Je ne les ai pas vu râler ! Ni sur la politique, ni sur la chaleur, ni sur la famine, ni sur les soins médicaux du pays,... ils constatent, ils peuvent être tristes, mais sans révolte ! Ils essaient d'améliorer les choses, tout en acceptant que c'est pas simple, qu'il faut du temps,...  Et nous, dès qu'il fait durant 10 jours une petite caniculette... rappelez-vous : nous avons quand même de quoi nous rafraichir (ventilateur, rouler en voiture avec la clim, manger une glace, se mettre dans son frigo, aller à la Migros, plonger dans la piscine, prendre 3 douches quotidiennes...), on se plaint comme si c'était la fin du monde et on ne parle que de ça. On a vraiment des problèmes de riche. 

- Ils ont perdu un ou plusieurs enfants, un travail, doivent travailler dur au champ (qu'ils ont dû rejoindre par des km à pieds sous une chaleur caniculaire et humide) pour arrondir leur fin de mois ou simplement juste pour se nourrir,... leur avenir est incertain mais ils ont CONFIANCE et vivent au jour le jour ! Et nous, avec nos assurances tout risques, nos plans d'avenir et notre stress de ne pas y arriver, nos agacements pour un petit refroidissement qui vient troubler nos plans du jour, les gros titres des journaux quand on ne peut plus arroser son gazon d'amour pendant quelques semaines pour prévenir les manques d'eau... ? On a vraiment des problèmes de riches !

- La culture tchadienne veut que les personnes qui sont plutôt bien loties par rapport au moins lotis du pays (pas de notre pays !), n'ont pas trop le choix d'accueillir chez eux, tous frais payés par l'hôte bien souvent : le cousin, le beau-frère, le frère éloigné,  les petits-enfants pour vivre... avec eux ! Pendant que leurs enfants travaillent, ils gardent nuit et jours durant des mois (donc ils les élèvent !), leurs petits-enfants. Bien sûr, ils ont leur cousin, leurs filles, leur belle-soeur, la grand-mère, pour les aider dans cette tâche, mais jamais, après que leurs (nombreux) enfants se soient envolés, ils peuvent se retrouver à deux, comme un jeune couple ! Le syndrome du nid vide ? Ils ne connaissent pas !!  On a vraiment des problèmes de riches !

Bref. Leur vie est plus... vivante (même si les décès de jeunes enfants y sont trop courants). Plus surprenante. Plus aventureuse. Souvent plus triste. Plus dure. Mais ils ont plus de joie. Plus de reconnaissance pour chaque petite chose positive du quotidien. Plus d'acceptation de la vie telle qu'elle est. Plus de confiance. Plus d'espérance. Plus de foi. 

Inévitablement ils n'ont pas le choix : nous on se confie dans nos richesses, dans nos services médicaux divers, dans nos assurances, qu'ils n'ont pas... et on oublie que Dieu est au commande. On a vraiment des problèmes de riches !

La déco ? Problème de riches. Le repas pas à notre goût ? Problème de riches. La voiture qu'on a rayée avec notre trousseau de clés ? Problème de riches. La passoire qui fonctionne très bien mais qu'il faut changer car démodée ? Problème de riches. Faire couler son café en oubliant de mettre une tasse dessous ? Problème de riche. La facture du médecin trop chère ? Problème de riche. La recherche de croquettes que notre chat aimera enfin peut-être ? Problème de riches. 

Bref. On a plein de problèmes qu'on se fait car on en n'a pas d'autres de plus importants. Parce qu'on s'ennuie trop dans notre pays sans (beaucoup) de surprises. 

Voilà. J'espère relativiser quelque peu mes problèmes bien helvètes. J'espère garder un coeur reconnaissant. Un peu plus qu'avant ce voyage. Pardon, Seigneur, pour toutes ces choses qui m'attristent, qui m'agacent, pour lesquelles je râle et qui sont tellement sans importance aux yeux de cette vie et de LA VIE que tu nous donnes. 

Merci. 

Le p'tit mot spi

Une fois n'est pas coutume, p'tit coup'd'pub : après ce voyage j'ai lu le livre fraîchement sorti  "Stop au matérialisme" de Will Davis JR. Un livre coup'd'poing pour nous les riches de la planète terre. ici 

'Mon Dieu, je te demande deux faveurs. Accorde-les moi jusqu'à la fin de ma vie. Eloigne de moi les illusions et les mensonges, et ne me laisse pas devenir trop pauvre ou trop riche. Donne-moi juste ce dont j'ai besoin pour vivre. Si je possède trop, je risque de te trahir en disant : “À quoi le Seigneur sert-il ?” Si j'ai trop peu, je risque de voler et de déshonorer ainsi mon Dieu. ' 

Proverbes 30:7-9 


'Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse, exprimez votre reconnaissance en toute circonstance, car c'est la volonté de Dieu pour vous en Jésus-Christ. ' 
1 Thessaloniciens 5:16-18 

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