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Un bond de 60 ans en avant !

Voilà ce que je m'apprête à faire.
Il faut que je vous avoue ce truc. Là. Tout d'suite. Un truc de fou. Stupéfiant. Faramineux. Invraisemblable. Sur moi. Yehhh.
Ma vie va changer. Après 15 ans. Le compte à rebours a commencé. Moins 2 semaines. Et je muterai. D'un coup. Ma vie ancienne ne sera plus que du passé. Ou presque. Je ne vais plus vivre selon le modèle marital des années 50 (voir ancien post Je suis une rareté 16 août). Oui, je vais devenir une vraie femme de ce monde européen. Une femme nor-ma-le. A la question "Et tu travailles ?" Je pourrai enfin répondre un vrai et franc "Oui". Oui, mon travail sera reconnu, car des p'tits sous tomberont sur un compte. A moi en plus.  Juste pour ça (oui, bon, là faut pas que je m'étale car je risque de m'énerver).  Une femme qui pourra contribuer aux dépenses familiales, qui pourra s'acheter elle-même ses coups de coeur, sans devoir mendier à  sa moitié (bon, je devais pas trop mendier quand même, je prenais. Point.). Une femme qui pourra acheter des cadeaux avec ses sous à elle. Et pas offrir un cadeau à son homme, en lui "volant" les sous d'abord sur son compte. La Vraie femme du 21e siècle. Moi. ENFIN.
Mais comment, comment ??!! Devez-vous vous demander ardemment ? Oui, comment en suis-je arrivée là ? Moi pour qui ma vie de mère au foyer m'a vraiment satisfaite durant plus de 12 ans ? Ben voilà 2 ans et demi que gentiment, imperceptiblement et simplement le besoin financier + personnel de moi (!) s'est fait sentir, toujours plus. Mais sachez-le, jamais je ne regretterai d'être restée au foyer durant ces années. Ce n'était pas un sacrifice. Car ça m'a plu. Et je voyais du monde, et j'avais des activités en dehors de ma famille qui me plaisaient, qui me satisfaisaient (et me satisfont encore pour certaines).
Puis, je me suis lancée et j'ai envoyé des postulations dans ma ville, en juin 2008 :
 A quoi bon pleurnicher, agissons !
Dans ma tête (et sur une liste sur mon ordi aussi), plusieurs conditions (j'adore les listes) :
- 20-30% maximum
- ne pas avoir besoin de faire de trajets
- pouvoir rentrer dîner (j'aime tellement faire la cuisine !)
- ne commencer qu'à 8h
- pas plus d'un après-midi par semaine, et si oui, que le vendredi (pas de devoirs le vendredi, et comme j'adoooooore faire les devoirs avec mes enfants, ben, j'veux pas louper ça quand même pour les autres jours !!!)
-pas travailler le mercredi car 2x par mois, j'ai une rencontre de Partage avec une dizaine de copines et j'y tiens !
- Et si possible à l'hôpital (je pourrais aussi dans un cabinet médical, mais les places s'y font rares) 
(je pourrais ajouter que je ne voulais pas devoir demander à gauche à droite pour garder mes enfants. Seulement mon mari ou moi. Point. Euh, mais ça ferait un peu trop demander non ?)
Bon. Je ne suis pas exigeante du tout (!) ni irréaliste. Ah, vous imaginiez le contraire ? Moui, disons que je sais ce que je veux, et ce que je veux pour ma famille.
Après ça j'ai pu faire 2 remplacements à l'hôpital, un 40% durant 4 mois (je travaillais 2 matin & 2 après-midi, et j'ai pu voir que les conditions de ma liste ci-dessus n'étaient pas si mauvaises, ça a été trop pour moi, pour la famille, mais j'ai accepté ce boulot pour avoir un pied dans l'hôpital !), un 30% durant 6 semaines (parfait pour moi !). 1 remplacement dans un cabinet médical d'un mois à environ 30%-40%, en décembre passé. Puis, j'attendais, j'espérais. Imaginant LA place idéale, voyant les amies de mon âge qui petit à petit retrouvaient toutes un emploi. Et pas moi. 
Il ne faut pas rêver. Un 30%, c'est rare. Qu'on m'avait dit à l'hôpital. Alors, uhm, ne rêvons pas.
Pendant ce laps de temps, parfois je me sentais bien à la maison, pourquoi travailler me disais-je ? ( jamais cette question me venait à l'esprit  lors du jour des paiements !), mais la plupart du temps, je sentais comme un besoin de neuf, de reboostage de vie & de cerveau (c'est-à-dire apprendre !), d'envie de voir autre chose. Tout ça, je le sais, Dieu le connaissait, Il connaissait mes envies, mes besoins, mieux que moi-même. Je savais aussi qu'Il tenait TOUT dans Sa main. Et qu'Il sait ce qui est le mieux pour moi. Mais bon. Parfois le doute était là ! Et c'était long. Et n'étais-je pas un peu trop exigeante ?
En février, j'ai réécrit un mail de rappel à l'hôpital, que j'étais toujours intéressée au cas où. Et Bla Bla Bla. Un mail de retour m'a averti qu'il y aurait sûrement une super possibilité mais que je devais patienter pour en savoir plus. J'ai tellement espéré. Pendant plus d'un mois... mais c'est tombé à l'eau.  En mai. Ça a été dur. J'ai fait un trait sur l'hôpital. Ne passais plus devant car ça me faisait mal !
En juin, j'ai commencé mon blog. Ça m'a fait du bien, un nouveau challenge ! Quel étonnement de voir que certaines personnes me lisaient !(disons que ça m'étonne encore toujours !)
Fin août. Je me parle à moi-même : "Cette fois c'est sûr, je fais un trait définitif sur mon idée d'un travail rémunéré. Regarde ma vieille, c'est une  chance incroyable de pouvoir rester à la maison et de presque m'y ennuyer parfois (là, je suis quasi arrivée à m'en convaincre !)." Ben ce jour-là, vers 18 heures, sans crier gare, je reçois un mail : Pourriez-vous me confirmer que vous êtes toujours disponible à venir travailler à l’hôpital au taux de 30 % ? Bla Bla Bla. Une opportunité très sérieuse.. Bla bla bla.. OUI ! Et tout s'est enchaîné ! Rapidement ! Après quelques jours j'étais engagée ! Le rêve, une place formid, un travail extra, une ambiance super. Ce que je voulais. En mieux ! Je peux mettre une coche sur chaque chose de ma liste. Encore un hasarD ! Merci Seigneur !
Depuis, j'ai l'impression que je suis prête à accoucher, ou presque. Le ventre en moins. Vous savez, les quelques jours avant, quand on sent que c'est pour tout bientôt. Cette envie de tout retourner, de faire tout ce qu'on croit ne plus pouvoir faire de notre vie ? Ben là j'y suis. En pleine nidification. Je nettoie, je trie, je fais tout ce qui traîne depuis des mois. Et je trace avec joie sur ma liste (une autre liste celle-là !) tout ce qui est fait. Coudre ça. Ok. Trier photos. Ok. Remettre de l'ordre dans le réduit. Ok. Amener ça à la brocante. Ok. Ne pas râler. Euh. Finir ces bouquins. Ok. ... Et j'arrive au bout. Mais j'ai été hyper stressée depuis 2 mois. Mes journées n'étaient pas assez longues. A me demander comment je vais faire pour travailler (avec rémunération !) 3 matins ! J'ai l'impression qu'après, après mon saut de 60 années en avant (1950-2010), quand je serai une Femme je ne pourrai plus RIEN faire à part ben... l'urgent. L'indispensable urgence.
Bon, le 1er novembre, je serai une autre. Vous n'allez plus me reconnaître. J'aurai d'autres sujets de conversation. Je saurai enfin ce que ça fait d'être une femme de mon époque. Les débuts seront sûrement difficiles, mais passionnants. Et j'aurai plein de nouvelles choses à raconter à table en famille. D'autres histoires que la façon dont j'ai nettoyé les WC ou de quelles actions j'ai pu profiter à la Migros ou encore de telle chaussette que j'ai retrouvé dans une poubelle. Ou de cette tache de gras sur un pull que je m'apprêtais à finir de repasser. Et de raconter à tout le monde que j'ai changé les lits, aujourd'hui. Juste pour qu'ils le réalisent. Au cas où.
Et avoir quelque chose à moi, pour me préparer au départ de nos enfants de notre Sweet Home. Déjà qu'ils ont moins besoin de moi.
 J'espère juste un truc. Que ça m'aidera pour lâcher-prise. Sur le ménage, les enfants. 
 J'ai une chance vous croyez ?

Commentaires

Fab B. a dit…
Juste un truc à te dire, chère Sarah: trop bien!!!!!!!!!!!!! Et ah! oui!Encore un truc: c'est quand que tu mets tout ça dans un bouquin? J'aime trop!!!!!!!!!!!
Anonyme a dit…
faut ecrire et éditer surtout!!!c'est génialissime!!! bisous corinne
evalor a dit…
J'appuie les commantaires ci--dessus, il faut vraiment faire un bouquin; j'aime tellement te lire ma fille.
Evi a dit…
Trop contente pour toi Sarah! J'espère juste que tu continueras à nous raconter des histoires aussi drôles. Certainement nous feras-tu participer à tes expériences professionnelles. Je me marre déjà, seuleument d'y penser!

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