Avez-vous déjà vu une famille se faisant prendre en photo, hilare, en criant en coeur :
- Chausseeeettes !!!!
Non, n'est-ce pas ?
- Chausseeeettes !!!!
Non, n'est-ce pas ?
Et ceci, pour plusieurs raisons :
1. Ce mot ne nous fait pas grimacer un sourire... contrairement à Spagghetti et Ouistiti
2. Ce mot ne fera jamais sourire une seule mère de famille en ce monde, elle qui n'a toujours pas réussi, malgré les années d'expérience à trouver comment gérer au mieux les nombreuses chaussettes familiales se baladant seules ou à deux dans tous les coins et recoins de la maison.
Quand les enfants étaient tout petits, ça allait encore. Nous, les mamans, nous occupions de l'achat des chaussettes, du rangement des chaussettes, de vêtir les jolis petits petons de jolies petites chaussettes tout en bisouillant-mordillant ses jolis petits orteils -ce qui faisait rire nos tout-petits-, d'enlever les chaussettes le soir et de consciencieusement, soit les mettre de côté soigneusement ensemble pour le lendemain, soit les mettre toutes les deux dans la corbeille à linge sale, bien dépliées, dans le bon sens. Rare était la perte d'une chaussette. Très rare.
Mais les temps ont changé.
Le mêmes pieds devenus gros et longs, poilus pour certains et plus si doux, n'ont donc PLUS DU TOUT la même apparence, ni la même odeur, et ne se laissent HEUREUSEMENT plus habiller, ni bizouiller, ni mordiller (imaginez !! ARGHH).
C'est fini.
Le budget "chaussettes" a pris l'ascenseur.
Le cerveau de la maman est fortement mis à contribution pour :
- Essayer de comprendre comment les chaussettes disparaissent... Après quelques années d'expérience, on arrête de se triturer la cervelle pour en trouver la réponse.
- Essayer de retrouver l'alter ego de la chaussette qui est entre nos mains... après quelques années, on laisse tomber... on sait qu'elle réapparaîtra , comme par enchantement, dans une heure, un jour, une année, un siècle, que sais-je ? Ce qui est sûr, c'est que l'autre est quelque part. En attendant, celle-ci attendra dans le panier avec toutes ses congénères se retrouvant seules. Elle pourra ainsi trouver la compassion nécessaire auprès d'elles.
- Essayer de rester calme lorsque, au moment de trier le linge avant de le mettre en machine, les chaussettes sont en boule, mouillée-puantes, ou retournées dans le mauvais sens. Nous voilà donc, retenant notre respiration, du bout des doigts en train de retourner ces chaussettes, selon leur apparence première, on sait déjà quand les retourner en-dessus de l'évier, pour que terre, herbe, ou autre matériel inconnu de nous, y tombe sans dégât et prise de tête (enfin, presque).
-Essayer de rester calme en découvrant des chaussettes sans leur alter ego, sous un lit (en boule dans la poussière), coincée derrière le cadre de lit (depuis quelques siècles), derrière une porte de chambre (avec d'autres habits en attente de prendre la direction du linge sale), dans le jardin (!), sous la table de la salle à manger, sur le canapé, dans la voiture. Bref. Partout.
- Essayer de rester zen quand nos enfants rentrent de camp, ou de la gymnastique, avec UNE chaussette inconnue, et celle qu'on connait qui revient en célibataire.
- Essayer d'acheter des chaussettes à tous les membres de notre famille, des chaussettes qui ne se ressemblent pas, car chacun veut une couleur noire ou grise. Car, comme les longueurs de pieds se rapprochent dangereusement, comment, mais comment savoir LESQUELLES SONT A QUI sinon ?
Certaines chaussettes, presque miraculeusement, arrivent tout de même à vivre à deux, ensemble jusqu'au bout, usées de la même manière, terminant leur job en se faisant jeter d'un même geste à la poubelle... Moment émouvant.
Mon panier de chaussettes célibataires/veuves/lâchement abandonnées, mais toutes mariées un jour, se remplit dangereusement. Et pas possible de faire un re-mariage mal assorti. Non. Cela, il faut oublier dans le monde des chaussettes, car pour elle, la différence n'est pas forcément un avantage. Chez l'humain, c'est complémentaire.
La période où Manana 1ère avait ses rats était pratique, car souvent LA chaussette finissait dans leur cage en tant que nid douillet pour ces p'tites bêtes. Elle étaient encore utiles. Mais il fallait accepter, en tant que chaussette, de se faire mordiller et trouer, de devenir très très vite puante, et jaunâtre-humide. Beurk.
Maintenant j'attends quelques mois, puis elles finissent tout de même à la poubelle.
Mais à chaque fois j'hésite. Car je sens que, au moment même où la poubelle finira broyée dans le camion, je risque de remettre la main sur la 2e. Et ça, c'est une angoisse. Une grosse angoisse.
Que n'ai-je attendu quelques heures de plus ?!?!
Aujourd'hui, je viens de refaire le tri de mon panier de célibataires. J'y avais 25 chaussettes. Je suis heureuse, j'ai réussi à retrouver 4 paires. Il me reste 17 chaussettes. Seules.
En les étudiant de plus près... J'observe avec effarement que 6 chaussettes sont à mon Nommamoi (ceci ne peut QUE s'expliquer par le fait qu'il met la chaussette trouée dans la poubelle et garde l'autre, car je ne sais où il les sèmerait, car lui les gère bien), 3 à Manana 2e, 2 à Fiston 1er, 1 à Fiston 2e, 1 à un étranger-inconnu-tombée de je ne sais où.
Et 3 chaussettes sont à moi.
Je sens qu'une partie de ma théorie ci-dessus ne tient plus du tout la route.
J'vais prendre congé. Toutes les jeter en ce jour, de rage, pour recommencer sur de nouvelles bases.
Ou demain. On verra. J'angoisse, là, tout à coup.
La p'tite appli spi :
Je dirais que la solitude n'est marrante pour personne. Ni pour les chaussettes, ni pour nous, humains. Dans ces cas-là on a l'impression de se sentir inutile, pas intéressante, ou le/a seul/e à vivre les mêmes difficultés. Ne restons pas ainsi, faisons l'effort de sauter dans le panier pour trouver d'autres chaussettes personnes qui vivent la même chose que nous. Si nécessaire, demandons à une bonne main (Dieu !) de nous aider à sauter ce pas !
Car : Il vaut mieux être deux que tout seul.....En effet, en cas de chute, l'un relève son compagnon, mais malheur à celui qui est seul et qui tombe sans avoir de proche pour le relever ! Ecclésiaste 4 : 9-10
Oui... car personne n'a envie de finir telle une chaussette dans un trou à rat, ou bien ?
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